vendredi 20 novembre 2015

"Nique ta mère toi le juif !"

De retour à Nice après une journée à Marseille, dans une ruelle près de la gare, j'entends sur mon passage un "Nique ta mère toi le juif !" suivi, lorsque je me suis retourné, d'un "Ouais c'est ça y s'est reconnu, bâtard" et de quatre rires gras.
Sur l'instant, je ne me suis pas senti insulté ni même affecté, j'étais comme hébété, pris de court tellement cela me semblait irréel, vous savez, comme si vous étiez spectateur d'une scène et tout d'un coup vous réalisiez que non, ça vous arrive vraiment... puis j'ai passé mon chemin.
J'ai partagé cette mésaventure sur les réseaux sociaux et j'ai reçu depuis de très nombreux messages de soutien et de sympathie. Je vous remercie tous de ces témoignages de solidarité.
Pour la petite histoire, je suis un athée convaincu d'origine juive, une origine visiblement bien visible...  Et je ne me sens juif que dans le regard de l'antisémite.
De nombreuses personnes subissent des violences physiques ou verbales racistes, homophobes, islamophobes ou judéophobes récurrentes. J'ai juste été insulté une fois dans la rue, dans ma ville, à Nice. Ce n'est pas un drame mais c'est un symptôme supplémentaire du risque de division et de rejet de l'autre qui nous guette. Nous vivons une période douloureuse où la peur de nouveaux attentats nous plonge dans une tension permanente.

vendredi 13 novembre 2015

Manuel Valls, fossoyeur

Que d'éminentes personnalités politiques s'étonnent publiquement de la stratégie de Manuel Valls de fusion des listes régionales socialistes avec les listes "Les Républicains", relève au mieux d'une sidérante naïveté, au pire d'un cynisme assumé.
Manuel Valls, fossoyeur libéral et sécuritaire d'une gauche agonisante, poursuit méthodiquement son oeuvre.
Mais revenons un instant sur la stratégie de la défaite proposée par le premier ministre.
Le projet d'un Front Républicain n'est envisageable qu'avec de véritables républicains, ce que le parti politique "Les Républicains" n'est pas.
L'UMP est progressivement passée d'une droite décomplexée à une droite extrême ne faisant que promouvoir des thèses nationalistes et xénophobes. Puis elle s'est renommée, comme si porter le nom de "républicain" la dispensait définitivement de l'être.

dimanche 1 novembre 2015

La France, c'est chacun d'entre nous. Réponse à la Fédération des Musulmans du Sud

La Fédération des Musulmans du Sud (FMS) a publié le 30 octobre 2015, via Facebook, une "Lettre à France" à la fois sincère et révélatrice des contradictions qui tourmentent aujourd'hui une partie de nos compatriotes de confession musulmane.
Je la retranscris ici en intégralité et me propose d'y apporter quelques éléments de réponse susceptibles, je l'espère, d'alimenter notre réflexion commune.
"Lettre à France:
Nous sommes à un tournant de ton Histoire. Un tournant où nous, Français musulmans, issus de l'immigration ou pas, attendons que tu reconnaisses tes erreurs et les répare. 

Peut-être sommes nous bercés d'illusions mais nous voulons y croire.
Croire que nos livres ne mentaient pas lorsqu'ils nous décrivaient une France multiculturelle, laïque et loin des discriminations.
Malheureusement plus le temps avance et plus la situation pour nous devient insupportable. Il ne se passe pas une journée sans que nous ne soyons le sujet fétiche des médias. Ce principe de laïcité, qui devait garantir notre liberté est devenu notre bourreau. Chaque jour, au nom de l'Etat laïc, tu exclus.
Aujourd'hui, on est loin de cette France des années 80-90 où l'Etat Islamique et Daesh n'existaient pas.
Le problème c'est qu'après chaque attentat, chaque horreur perpétrée par ces monstres, tu en profites pour restreindre nos libertés. Que tu l'admettes ou pas, tu nous tiens pour complices.
Il est normal que tu luttes contre les attaques terroristes et que tu prennes les mesures nécessaires pour les neutraliser, mais tu dois aussi comprendre que cette lutte ne se fera pas sans nous.
Quel type de message crois-tu envoyer à nos enfants lorsque des établissements refusent que des mères voilées puissent les accompagner à des sorties scolaires? Tu les attaques à travers ce qu'ils ont de plus cher, leur maman. Ce n'est pas la meilleure façon de faire naître un sentiment de patriotisme. Tu produiras l'effet inverse et tu le sais, mais peut-être que ça te plaît. Tu pourras ensuite accuser les jeunes de se communautariser. Alors qu'en réalité, tu es seule à devoir en porter la responsabilité.
Sur la question du voile, il faut accepter qu'une tenue vestimentaire relève des libertés individuelles. Il est inconcevable que tu puisses encore envisager qu'en 2015, les femmes voilées le sont parce qu'elles sont forcées et que tu dois à tout prix les libérer. Ce paternalisme post-colonial doit cesser. Le voile n'est pas un signe de soumission même si tu t'évertues à le présenter comme tel.
Mais si seulement tu t'étais arrêtée au voile...
Tu nous parles aujourd'hui de nos repas. Viande halal et repas sans porc sont devenus des sujets récurrents. Pourquoi vouloir encore t'occuper de ce qui se trouve dans nos assiettes? Les repas de substitution à la cantine ont toujours existé, sauf qu'en 2015, la France est Charlie. Donc à la réponse, comment stigmatiser encore un peu plus les musulmans, tu répondras par cette polémique stérile. L'école ce lieu de vivre-ensemble et d'apprentissage montre nos enfants du doigt.
Il n'est pas trop tard pour que tu reprennes tes esprits et que cette période noire ne devienne qu'un mauvais souvenir.
Il n'est pas trop tard pour que ta devise "Liberté, Égalité, Fraternité" retrouve son sens.
Il n'est pas trop tard pour que tu ne fasses plus de différences entre tes enfants. Les enfants de cette République.
Qu'Allah te bénisse.
La Fédération des Musulmans du Sud"

mardi 20 octobre 2015

Polygone Riviera, symbole d'une urbanisation commerciale en dépit du bon sens ?

Il aura fallu 20 morts durant les terribles inondations de la nuit du 3 au 4 octobre pour que la question de l'urbanisation et l'imperméabilisation des sols soit enfin posée dans le débat azuréen. 
L'inauguration en grandes pompes d'un nouveau centre commercial proche d'un cours d'eau classé "zone rouge", trois semaines à peine après le drame, résonne comme une insulte faite aux victimes, à leurs proches et à tous les sinistrés.
En effet, le Polygone Riviera de Cagnes Sur Mer sera inauguré demain 21 octobre 2015. Il est situé dans une zone historiquement marécageuse, à côté du Malvan, un cours d'eau classé "à risques" et par endroit "zone rouge". On annonce pourtant fièrement l'ouverture du premier centre commercial de France à ciel ouvert, avec 70 000 m2 de surface commerciales, 150 boutiques, 24 restaurants, 1 casino, 1 cinéma et 3 000 places de parking en sous-sol, vous savez, ce sous-sol déjà inondé par les intempéries il y a trois semaines à peine...

samedi 17 octobre 2015

Referendum socialiste : à la recherche d'une légitimité perdue

Le PS veut organiser un referendum sur l'union de la gauche aux élections régionales dès le premier tour. 
La logique veut pourtant que chaque parti interroge ses propres adhérents sur la stratégie électorale pour savoir s'ils souhaitent des unions avec les autres partis, sous quelles formes et à quel moment, ce que les autres formations politiques de gauche ont fait.
Le PS, lui, veut interroger au delà de ses rangs, dans des conditions plus qu'aléatoires, pour trouver une légitimité qu'il n'a pas à proposer une union d'une gauche qu'il ne représente plus.
Ce referendum résonne donc comme un terrible constat d'échec, celui d'une perte de légitimité à incarner les valeurs communes de la gauche suite à trois années de libéralisme appliqué méthodiquement par le gouvernement.

mercredi 7 octobre 2015

De la droite décomplexée à l’extrême droite

Qui sème le sarkozysme récolte Morano
Déferlement de haine, d'islamophobie et de racisme. Les digues volent en éclats. Les barrières patiemment érigées contre la haine s'effondrent pendant que l'on dresse des barbelés et des murs à nos frontières. Ceux-là même qui veulent le retour de la morale à l'école ne savent plus où se situe le bien et le mal. Ceux-là même qui parlent du vivre ensemble traquent l'ennemi de l'intérieur et désignent le bouc émissaire. De vagues de terreurs en vagues de rancœurs, la France écume de rage.
Overdose médiatique autour d'un Zemmour au grand récit national maurrassien, obsession idenditaire réactionnaire d'un Finkielkraut, retour au droit du sang et culte de l'autorité d'un Ciotti, troisième guerre mondiale et cinquième colonne d'un Estrosi, préférence nationale soudain devenue politiquement correcte lorsqu'il s'agit de préférer un SDF français à un réfugié étranger, préférence confessionnelle assumée lorsqu'il s'agit de préférer un réfugié chrétien à un réfugié musulman, racisme grossier d'une Nadine Morano faisant presque passer Nicolas Sarkozy pour un "républicain"... Le débat public français est saturé de xénophobie. Car il ne faut pas s'y tromper, Nadine Morano n'est qu'un symptôme. Mais de quel mal plus profond est-elle alors la manifestation ?
Depuis de longues années les médias nous parlent de "dérapage" de telle ou telle personnalité. On nous a parlé de "proximité" entre droite et extrême droite, puis de "porosité" et de "collusion". Enfin on a évoqué une "droite extrême" proche de l'extrême droite. Le Front National, en dénonçant l'UMPS, s'il rejetait ainsi dos à dos les partis traditionnels, tentait surtout de masquer sa gémellité nouvelle avec l'UMP. La droite française, de son côté, a dû s'autoproclamer républicaine pour tenter de se rassurer sur sa propre identité politique. Car à force de vouloir séduire l'électorat frontiste elle a dû parler le langage et adopter les réflexes de l’extrême droite. Afin d'apparaître comme le dernier rempart face au FN, elle a tout simplement fait une OPA sur le corpus idéologique du Front National.