mardi 30 décembre 2014

Dispositifs anti-SDF : Angoulême - Nice, même combat ! Et chez vous ?

L'initiative tout autant stupide que discriminante du maire d'Angoulême de grillager les bancs publics afin d'empêcher les SDF de s'y installer a choqué, à juste titre, l'opinion publique. Mais, au delà de l'indignation passagère, que faire ?
Si les grillages d'Angoulême ont été provisoirement ôtés, bien d'autres mobiliers urbains "anti-SDF" et dispositifs plus pernicieux car moins visibles sont en place un peu partout en France et témoignent de nos difficultés à faire passer la cohésion sociale et le vivre ensemble de la sphère des beaux discours et des vœux pieux à celle des actes et des politiques publiques courageuses. 
Le traitement réservé aux SDF, Roms, squatters et à tant d'hommes et de femmes jugés indésirables est révélateur de l'état notre société. Les politiques publiques menées, indépendamment des grands plans gouvernementaux, se résument souvent à des décisions prises par les collectivités locales et, en premier lieu, par les mairies.
J'invite donc chacun, une fois la belle indignation collective contre le méchant Maire d'Angoulême passée, à regarder ce qui se passe en bas de chez lui, dans sa propre ville, à s'engager et à prendre part à la vie publique locale pour changer les choses.
- N'avez-vous pas vu ces bancs publics séparés en deux par une sorte d'accoudoir ? Sa fonction réelle est d'empêcher les SDF de s'allonger et de dormir sur un banc. 
- Avez-vous constatez que certains arrosages publics aspergeaient étrangement les bancs publics le soir ? C'est encore pour chasser les SDF.
- Les espaces verts de votre communes sont-ils grillagés et inaccessibles, l'hivers, à partir de 18h ou 19h ? Idem.
- Avez-vous vu des murets recouverts de pointes en métal ou de galets ? C'est à nouveau pour empêcher les SDF de s'allonger, mais, le plus souvent, il s'agit de dispositifs mis en place par des copropriétés privées.
- On a déplacé un centre d'accueil de nuit pour SDF du centre ville vers la périphérie de la ville ? Toujours la même politique : chassez cette misère que nos touristes et nos beaux quartiers ne sauraient voir...
- On a fait évacuer manu militari des squatters et des camp de Roms, avec l'aval du Préfet local, laissant femmes et enfants sur le trottoir ? Idem, on chasse la misère, on éloigne l'étranger et le marginal, on déplace le problème sans le traiter réellement.
A mon tour donc de contempler ma ville. A Nice, notre bon maire, largement réélu par ceux qui se déplacent encore dans les bureaux de vote, a mis en place non pas quelques mesurettes éparses mais un véritable arsenal qui ferait pâlir Angoulême toute entière à l'encontre de ces "indésirables".
On commence par un mobilier anti SDF localisé, bien moins visible qu'à Angoulême mais tout autant condamnable.
On poursuit par une série d'arrêtés municipaux qui seront pour la plupart inapplicables ou cassés par la justice mais qui forgent l'image d'un Maire "Monsieur sécurité" protégeant les braves gens :
- Couvre feu pour les mineurs de moins de 13 ans en centre ville
- Arrêté anti mendicité agressive, toujours réservé au centre ville
- Fermeture des épicerie de nuit après 23h et interdiction de consommer de l'alcool sur la place publique entre 20h et 5h 
- Arrêté municipal anti-regroupements pour le quartier Notre-Dame
- Arrêté municipal anti-bivouacs en centre ville visant en réalité les Roms et SDF
On enchaine avec une communication et une mise en scène musclée du bon maire chassant les vilains Roms : 
En juin 2013, Christian Estrosi fait évacuer un stade occupé illégalement par des gens du voyages et leur déclare : "J’en ai maté d’autres, je vous materai, vous êtes des voyous en infraction, vous avez une heure pour partir ! (...) Sinon, on mettra en place un dispositif pour vous pourrir la vie jour et nuit avec électricité et eau coupés et surveillance par caméras mobiles" (Métro, édition Nice Cannes du 30.06.13). Il a ensuite envoyé son mode d'emploi à d'autres maires de France pour lutter contre la présence illégale de Gens du voyages sur des terrains municipaux ou privés...
Il annonce dans la foulée la création d'une brigade municipale de "gardes jardins", la pose de caméras thermiques et un renforcement des règlements intérieurs des parcs et jardins de la ville en précisant à la presse que le but de cette brigade était de "déranger, harceler, dresser des procès verbaux" (Nice Matin, 31.07.13). 
Visiblement, le rôle d'une police municipale est donc désormais de "déranger", "harceler" ou "pourrir la vie" d'une population jugée gênante... même si les politiques discriminantes à Nice sont par ailleurs étrangement sélectives puisque l'on démantèle les camps de Roms mais que l'on laisse des enfants en bas âges être utilisés dans le cadre d'une mendicité organisée sur les grands axes de la ville, dans une indifférence généralisée. 
On complète le tout en repoussant à la périphérie de la ville les pauvres, les malades et les personnes fragiles : 
- On ferme un centre de prise en charge des toxicomanes en centre ville (le CAARUD rue Offenbach) que l'on tente de déplacer en zone sensible (à Pasteur).
- On ferme un centre d'accueil de nuit pour SDF de la vieille ville pour le transférer dans un quartier déjà en difficulté (rue Trachel).
- On s'oppose à la création d'un centre médico-psychologique du CHU en centre ville (rue Lépante) ayant pour vocation d'apporter des soins aux personnes ne nécessitant pas un internement en hôpital psychiatrique mais ayant besoin d'une prise en charge. Le Maire déclare alors : "Ce projet est inquiétant tant pour la prise en charge de ces publics lourds que pour la population qui réside en cœur de ville" et demande une concertation avec les acteurs locaux "en respect de la tranquillité et de la sécurité de tous les citoyens." 
- On réhabilite des logements sociaux, et, sous couvert de loger les étudiants et les jeunes actifs, on casse des 4 et 5 pièces pour en faire des studios et des F1 ou des F2. Résultat : on déplace les familles nombreuses du centre ville pour les reloger... en périphérie.
Je m'arrête là pour la description du laboratoire sécuritaire niçois... Vous l'avez compris, Nice n'a rien à envier à Angoulême sans pour autant susciter la même indignation nationale. Pire, le rejet de l'autre y est revendiqué haut et fort dans une communication toujours plus outrancière. La politique d'inclusion sociale y est sacrifiée sur l'autel de l'argument sécuritaire. Mais pour quels résultats ? La ville la plus vidéo-surveillée de France n'obtient toujours pas les meilleurs chiffres en matière de lutte contre la délinquance. Certains "indésirables" sont expulsés de la vitrine du centre ville, certes, mais cela ne fait que déplacer le problème ailleurs. Les personnes âgées sont de plus ne plus nombreuses à faire les poubelles de nos supérettes de quartiers.  La précarité ne diminue pas, bien au contraire, mais elle s'adapte, se cache et prend d'autres formes. Dans le même temps, les subventions de la Ville de Nice au CCAS baissent de 3 millions en 5 ans. Mais la politique sécuritaire niçoise, servie dans un populisme identitaire nauséabond, semble plaire aux électeurs qui ré-élisent largement le maire de la ville. Bref, rien de nouveau sous le soleil de la Côte d'Azur.
Au-delà des grillages d'Angoulême, nous devons donc tous nous interroger sur la politique de prise en charge des SDF menée dans nos villes, les politiques d'insertion sociale et d'hébergement d'urgence, les politiques menées concernant l'ensemble des personnes fragiles, victime de précarité ou simplement différentes.
Lorsque l'on interrogeait Stéphane Hessel sur son petit opuscule "Indignez-vous", il expliquait que l'indignation était le premier pas vers l'engagement et l'action collective. Nous nous sommes indignés en voyant les grillages d'Angoulême, maintenant agissons !

mardi 9 décembre 2014

Laïcité, crèches et populisme identitaire

En ce 9 décembre 2014, date anniversaire de la promulgation de la loi du 9 décembre 1905, la laicité est à nouveau aux prises avec des polémiques stériles et des instrumentalisations politiciennes ramenant le niveau du débat public des années en arrières.
A chaque nouvelle polémique son prétexte, et le petit monde médiatico-politicien se focalise actuellement sur la place des crèches dans les administrations publiques.
A l'origine du débat, un jugement du 14 novembre dernier du Tribunal Administratif de Nantes qui condamne la présence d'une crèche dans les locaux du Conseil Général de Vendée. 
Si l'on considère qu'une crèche est un objet à caractère religieux (qui peut le nier ?), elle tombe effectivement sous le coup de la loi de 1905, article 28 : « Il est interdit, à l'avenir, d'élever ou d'apposer aucun signe ou emblème religieux sur les monuments publics ou en quelque emplacement public que ce soit, à l'exception des édifices servant au culte, des terrains de sépulture dans les cimetières, des monuments funéraires, ainsi que des musées ou expositions. » 
Dès lors, les élus locaux, garants de la stricte neutralités des pouvoirs publics locaux en matière de religion, pourraient avoir le bon sens de respecter la loi.
Si l'on considère par ailleur qu'en plus de son caractère religieux une crèche revêt un caractère culturel (qui peut le nier ?) la question ne doit pas nous pousser à adopter une position "dogmatique". Et force est de constater que la présence de crèches n'a pas constituée jusqu'à présent une entrave au vivre ensemble ! Il n'y a donc pas lieu à crier "haro" et à en faire un emblème absolu de défense de la laicité.
En cette affaire comme en bien d'autres, il faut raison garder.
Là où le débat se complexifie c'est quand des élus locaux, au lieu de s'en référer à une culture locale (les santons de provence, par exemple), se réfèrent explicitement aux "racines chrétiennes de notre civilisation", défendant ainsi la présence de crèches au sein des administrations publiques tout en se référant à leur caractère religieux.
Or évoquer les racines religieuse d'une société ou d'une civilisation pour justifier la présence d'un objet dans une adminsitration ne tient pas et est, pour le coup, clairement contraire à la loi de 1905. Je suis déjà intervenu dans le passé à ce sujet et je n'y reviendrai pas (lire ici).
Certains maires FN ont alors installé, pour la première fois, des crèches dans leur mairie en tweetant "#résistance". Eric Ciotti, président du Conseil Général des Alpes-Maritimes s'est empressé d'installer une crèche dans les locaux publics dont il a la gestion en évoquant "l'héritage judéo-chrétien de notre civilisation" et voyant dans la crèche un symbol "identitaire" autant que religieux.
Ces démarches, à caractère inutilement provocatrices, correspondent très précisément à ce que certains politologues nomment le "populisme identitaire". Nous basculons ici de la question laïque à un domaine plus vaste. Ces pratiques politiques vont à l'encontre du vivre ensemble et sont indignes d'élus de la République. Nous ne pouvons que les condamner.
Enfin, comme l'écrit Jean-Louis Bianco, président de l'observatoire de la laicité : "en cette période de fin d'année, souhaitons collectivement que les acteurs concernés évitent toute polémique inutile, toute instrumentalisation de la laïcité et promeuvent le dialogue et l'ouverture à l'autre."

mardi 2 décembre 2014

Charte des Socialistes pour le progrès humain : et il faut voter pour "ça" ?

Le 3 décembre, les adhérents du parti socialiste seront appelés à voter pour ou contre la "Charte des Socialistes pour le progrès humain", fruit des Etats Généraux du PS ayant donné lieu à plus de 5 600 contributions. Cette charte, selon Jean-Christophe Cambadélis, a vocation à devenir notre "référence collective" (consulter la Charte ici).
5 600 contributions, c'est énorme. Cela veut dire que les socialistes, dès qu'on leur en donne la possibilité, saisissent toute opportunité pour travailler, réfléchir et s'exprimer. Ce phénomène peut être interprété, si l'on est optimiste, comme un signe de bonne santé de notre parti et, si on l'est moins, comme la réponse à un sentiment de frustration chronique de militants privés de parole depuis trop longtemps.

mardi 25 novembre 2014

Election du 1er secrétaire fédéral du PS 06 : pourquoi je soutiens Jean-François Verdier

Patrick Allemand a choisi de démissionner de ses fonctions de 1er secrétaire fédéral des Alpes-Maritimes avant le terme de son mandat, à six mois du congrès national et fédéral du Parti Socialiste, qui aura lieu du 5 au 7 juin. Si je respecte la décision de l'homme, je déplore les conditions dictées pour l'élection de son successeur, et ce pour trois raisons majeures :
1. Un débat tronqué
Patrick Allemand, en annonçant sa démission à la presse puis aux adhérents du Parti Socialiste des Alpes-Maritimes, a dévoilé le calendrier qu'il avait choisi, seul, sans en avoir préalablement informé les instances de la fédération : une semaine de dépôt de candidature, et une semaine à peine de campagne interne. Ce calendrier ne permet pas le déroulement d'un débat riche et apaisé dans l'ensemble du département, et je pense tout particulièrement aux camarades non niçois qui ne pourraient se rendre à l'unique débat fédéral organisable en si peu de temps. 

jeudi 20 novembre 2014

Parti Socialiste des Alpes-Maritimes : pour une direction collégiale de transition

Communiqué de presse, Nice, le 18.11.2014


Parti Socialiste des Alpes-Maritimes :


"Pour une direction collégiale de transition"

Patrick Allemand, Premier Secrétaire Fédéral du Parti Socialiste des Alpes-Maritimes depuis quatorze ans, a démissionné, lundi 18 novembre 2014, six mois avant la tenue du prochain congrès national et fédéral, qui aura lieu du 5 au 7 juin 2015.

Représentants de diverses sensibilités du PS, signataires de trois des cinq motions présentées lors du Congrès de Toulouse, nous regrettons que les conditions d'un véritable débat démocratique au sein de notre fédération ne soient pas réunies 

En effet, le calendrier annoncé pour l'organisation du scrutin devant permettre d'élire le nouveau 1er Secrétaire Fédéral prévoit, après un délai de dépôt des candidatures très court, une seule semaine pour présenter les candidats, débattre, confronter idées et projets dans l'ensemble du département, avant un vote le 3 décembre.

Pourquoi une telle précipitation, alors que le congrès vient d'être annoncé et qu'il est le moment politique permettant de définir la ligne du parti et de la Fédération, qui a besoin d'être clarifiée alors que le gouvernement applique une politique contraire à celle choisie démocratiquement par le PS, et de choisir nos représentants ?

mardi 4 novembre 2014

Nice : appel au respect de l'ordre républicain

Communiqué de presse, Nice, le 04.11.2014 : 

NICE : APPEL AU RESPECT DE L'ORDRE REPUBLICAIN

"Christian Estrosi s'en est à nouveau pris au Préfet des Alpes-Maritimes au motif qu'il n'aurait pas été informé qu'un attentat avait été déjoué durant le carnaval de Nice et a annoncé engager une action à son encontre au tribunal administratif.
Il avait publié, il y a peu, une violente tribune intitulée "Djihad : j'accuse" dans laquelle il accusait l'Etat de laxisme face au départ de nos jeunes pour le Djihad, rompant ainsi l'unité des partis politiques de tous bords, derrière le gouvernement, face à la menace terroriste.
Il avait déclaré, il y a quelques mois, "l'Islam incompatible avec la démocratie", entretenant volontairement l'amalgame entre Islam et islamisme.
Ces déclarations vont à l'encontre de l'intérêt général qui doit primer, en toutes circonstances, sur l'intérêt partisan.

samedi 18 octobre 2014

En débat avec la responsable des "Jeunes Pop 06", entre jeunesse et conservatisme politique

Nicolas Galup (Azur TV) et Olivier Biscaye (Nice Matin) m'ont invité à débattre avec Marine Brenier, conseillère municipale UMP, adjointe au Maire de Nice et responsable des "Jeunes Pop 06". Au menu du "Forum Azur TV - Nice Matin", le renouvellement des idées et la place des jeunes en politique.
Cet échange, même bref, m'a permis de me confronter à la vision "Jeune Pop 06" de la politique et de la société. Marine Brenier, dans la parfaite ligne de son parti, vante les mérite de Christian Estrosi, leader charismatique dont l'action locale l'a poussée à s'engager en politique. Elle défend le retour de Nicolas Sarkozy envers et contre tout. Elle incarne parfaitement l'univers mental de cette jeune droite azuréenne. Expression claire, partition récitée sans accroc, débat courtois et... conservatisme politique.
Durant l'échange, j'ai tenté d'aborder un premier facteur de renouvellement en politique : le non-cumul des mandats dans le temps, expliquant qu'un mandat d'élu n'était pas une rente à vie et que les élus devaient être plus représentatifs de la société.
Et là, réaction simple : les jeunes pop 06 défendent et légitiment non seulement le cumul des mandats mais aussi le cumul des mandats dans le temps car ils ont "la chance d'avoir des élus de qualité".

vendredi 10 octobre 2014

Quand le FN niçois parle de "totalitarisme socialiste"

Twitter est parfois le lieu d'échanges politiques surprenants, voire désolants.
Suite à la polémique stérile à l'Assemblée Nationale où Sandrine Mazetier a infligé une mesure disciplinaire à un élu UMP, Julien Aubert, qui s'obstinait à la nommer "Madame Le Président", Gael Nofri, conseiller municipal et métropolitain FN de Nice a publié le tweet suivant :

Devant l'énormité du propos je l'interpelle et lui demande s'il maintient le terme de "totalitarisme" pour parler du socialisme. La réponse ne se fait pas attendre :

jeudi 9 octobre 2014

Nice : halte à la surenchère populiste sur le Djihad !

La droite niçoise semble avoir perdu sa boussole républicaine. La politique extérieure de la France et la lutte contre le terrorisme avaient jusqu'à présent échappé aux querelles politiciennes en donnant lieu à une union nationale salutaire.
Le départ de nos jeunes pour le Djihad est un phénomène complexe, aux causes multiples, qu'il faut analyser dans le calme et face auquel il faut prendre toutes les mesures adéquates, sans complaisance aucune. La recrudescence de ce phénomène appelle à une gravité et à un esprit de responsabilité de chacun des décideurs publics. Le débat peut et doit avoir lieu mais dans un cadre républicain, sans exacerbation des ressentiments et sans dénigrement, mise à l'index ou accusation péremptoire.
Christian Estrosi, député maire de Nice, a publié une tribune sur Facebook et a convoqué, hier, une conférence de presse accusant le gouvernement de laxisme face à la montée du terrorisme. Le ton volontairement polémique, "Djihad : j'accuse", et le visuel anxiogène ajoutent au propos une dimension populiste, à visées électoralistes évidentes. Sa publication sur Facebook a donné lieu, en un jour, à 2432 "likes", 679 partages et 389 commentaires.

mardi 7 octobre 2014

L'entreprise, le business et les opposants imaginaires de Manuel Valls

En l'espace de quelques semaines Manuel Valls a développé une stratégie de communication déconcertante autour du thème de l'entreprise. Tout d'abord en français, devant le MEDEF par un retentissant "j'aime l'entreprise", puis en allemand lors de son déplacement outre Rhin et, enfin, en anglais, par un "my Government is Pro Business"  à la City de Londres.

En l'espace de quelques semaines Manuel Valls a développé une stratégie de communication déconcertante autour du thème de l'entreprise. Tout d'abord en français, devant le MEDEF par un retentissant "j'aime l'entreprise", puis en allemand lors de son déplacement outre Rhin et, enfin, en anglais, par un "my Government is Pro Business"  à la City de Londres.
Cette communication primo ministérielle appelle au moins trois commentaires :
1. Sortir du pathos
Le premier motif d'étonnement vient du champs lexical choisi, celui de l'affect, du sentiment. Lorsque l'on décide et met en oeuvre une politique économique on n'a pas à aimer ou non l'entreprise, mais à soutenir durablement et efficacement l'entreprenariat. La thématique du "j'aime" ou du "je n'aime pas" renvoie à l'acte arbitraire d'aimer telle ou telle chose, au fait du Prince et non à un choix de raison.
On est en droit d'espérer que le choix de verser 41 milliards d'euros aux entreprises relève d'autre chose que des goûts et des couleurs de Manuel Valls...
Rien ne semble donc expliquer ce choix communicationnel hormis, peut être, la référence implicite à la phrase malheureuse de François Hollande, qu'il viendrait corriger, "je n'aime pas les riches".

lundi 6 octobre 2014

Monsieur Valls, il y a urgence pour les ménages !

Manuel Valls a déclaré aujourd'hui 6 octobre 2014, à Londres, que s'il fallait, en France, baisser les impôts sur les ménages, il fallait d'abord baisser ceux qui pèsent sur les entreprises... "question de priorités", me direz-vous.
Mais, de retour de la première université d'automne d'Arnaud Montebourg, à Laudun-L'Ardoise, je garde en mémoire l'analyse éclairante de Mathieu Plane, économiste à l'Observatoire Français des Conjonctures Economiques, et notamment le graphique présenté sur la baisse constante et significative du pouvoir d'achat des ménages depuis 2010 : 

 © Mathieu Plane© Mathieu Plane
 En un mot : Monsieur Valls, si vous n'écoutez pas ce que vous disent les Français, si vous restez sourd aux alertes des associations qui vous disent que nous sommes confrontés à une crise sociale majeure en France, regardez cet indicateur : il y a urgence pour le ménages !

dimanche 14 septembre 2014

Moi député, je ne voterais pas la confiance au gouvernement

Les Français n'ont pas voté pour la politique menée actuellement par le gouvernement. Nous, militants et sympathisants socialistes, n'avons pas fait campagne pour cette série ininterrompue, orchestrée, de renoncements à nos valeurs. François Hollande, le 20 août 2014, a déclaré au Monde que "le débat ne peut pas rebondir sur chaque texte. Les choix ne peuvent être rediscutés à chaque fois qu'un indice trimestriel est connu." Il a parfaitement raison. Mais, précisément, le débat sur le pacte de responsabilité n'a eu lieu ni devant les militants socialistes, ni devant les électeurs. Nous n'avons pas voté pour un cadeau de 41 milliards aux entreprises sans distinguer celles soumises à la concurrence des autres, sans contrepartie en termes de création d'emplois ou d'optimisation de l'appareil productif, sans limitation de la part de dividendes reversés aux actionnaires. Le pacte de responsabilité, c'est le pacte des irresponsables. 
Manuel Valls, telle Margaret Thatcher, déclare sans sourcilier qu'il n'y a pas d'autre politique possible. Il affirme, à Bologne, qu'il n'y pas d'alternative à gauche et que la seule autre donne politique, c'est le FN. En clair, "c'est moi ou le chaos". Tel Alain Juppé en 1995, "droit dans ses bottes", il refuse tout dialogue. Il répète, à qui veut l'entendre, que "la France a besoin d'autorité". Il refuse de dialoguer avec nos partenaires de gauche, avec qui pourtant nous devrions gouverner. Il refuse le dialogue avec nos propres députés, qui pourtant ont fait des propositions constructives tout en restant dans le cadre du pacte de responsabilité. Il refuse de dialoguer avec ses propres ministres qui eux aussi font des propositions concrètes pour une politique alternative. Or refuser le dialogue, ce n'est pas restaurer une autorité perdue, c'est affaiblir le pouvoir et le refermer sur des cercles clos de plus en plus restreints, ne l'alimenter que par les analyses des hauts fonctionnaires et les notes des collaborateurs de cabinets, c'est le couper peu à peu du réel.

jeudi 5 juin 2014

Quand les fans de Christian Estrosi insultent Christiane Taubira...

Ce qui est frappant avec l'affaire des commentaires racistes présents sur la page Facebook de Christian Estrosi, c'est qu'elle agit comme un révélateur. 
L'an dernier, suite à sa démonstration de force face aux Roms, les "fans" de Christian Estrosi se sont déchaînés en propos racistes et en appel à la haine : "il faut rouvrir les camps comme en 1940", il faut les "virer au lance-flamme". 

mardi 20 mai 2014

Européennes 2014 : blocage, boycott et désobéissance

Les "eurosceptiques" ont décidément bien du mal à exprimer une position claire et constructive durant ces élections européennes du 25 mai 2014.

Les "eurosceptiques" ont décidément bien du mal à exprimer une position claire et constructive durant ces élections européennes du 25 mai 2014.
Alors qu'une position souverainiste avait été posée de façon argumentée lors du référendum sur Maastricht, alors qu'une position anti-libérale s'était fortement affirmée lors du référendum sur le Traité Constitutionnel Européen, certains aujourd'hui souhaitent se faire élire pour "bloquer l'Europe", d'autre pour que la France entre "en résistance" face à l'UE et "désobéisse" à ses directives, d'autres enfin ne souhaitent pas se faire élire du tout puisqu'ils appellent au "boycott" du scrutin, et donc à l'auto-privation d'un droit fondamental acquis de haute lutte, le droit de vote.
Alors, me direz-vous, c'est parce qu'il n'y a pas "un" euroscepticisme, mais "des" eurosceptiques, certes. Vous me direz également qu'il ne faut pas mettre extrême droite et extrême gauche dans le même panier, et je vous rejoins sur ce point. Mais les positions exprimées sont elles pour autant tenables ?

jeudi 15 mai 2014

Non, Monsieur Ciotti, ce n'est pas cela la laïcité !

En souhaitant la bienvenue au nouvel évèque de Nice le 11 mai 2014, le Président du Conseil Général des Alpes-Maritimes, Eric Ciotti, a repris une formule dont il avait déjà fait usage en septembre 2013 et qu'il a à nouveau posté sur son compte twitter : "Le principe de laïcité garantit la liberté de culte mais n'interdit en rien de revendiquer & défendre notre héritage chrétien."

 © David Nakache© David Nakache
Or, il faut ici différencier les déclarations d'une personne en son nom propre, en tant qu'individu, et ses déclarations en tant que représentant politique d'une collectivité territoriale et donc de ses administrés.

lundi 24 mars 2014

A Nice, voter à gauche et lutter contre la dérive populiste

Notre liste « Un autre avenir pour Nice » a obtenu 15% des voix au 1er tour de l'élection municipale et je remercie tous les électeurs qui ont voté pour nous.
Soyons clairs : ce faible score est pour moi une lourde déception.
Mais tentons d’analyser ce scrutin (les résultats détaillés sont consultables ici) et ses conséquences pour le second tour.
Qui sont les vainqueurs de ce 1er tour ?
Christian Estrosi tout d’abord, qui réalise un score important, près de 45% des voix. Il lui manque toutefois plus de 5% pour atteindre la majorité, lui qui était annoncé vainqueur dès le 1er tour.
Ensuite viennent les partis surfant sur le rejet des partis dits « traditionnels » :
- Le Front National, en seconde position avec 15,6%, nationalisant le débat local avec la présence de Jean-Marie et de Marine Le Pen durant la campagne niçoise et le parachutage de Marie Christine Arnautu. Le FN confirme à Nice sa poussée nationale et l’impact du "vote sanction" contre les partis de gouvernement.
- La liste « Mon parti c’est Nice » menée par Olivier Bettati, obtenant 10,13% des voix et validant son billet pour le second tour en se proclamant « sans étiquette » et en communiquant sur le dépassement des clivages partisans, bien que la réalité soit tout autre.
- Et enfin la liste « IMMIGRATION-ISLAMISATION-INSÉCURITÉ-IMPOTS : BASTA ! » menée par Philippe Vardon. L’entrée en campagne de Philippe Vardon a constituée un tournant populiste dans la campagne de 1er tour puisqu’il n’a hésité ni à parler de « bandes de racailles venues des quartiers » ni « d’union contre nature » à propos des mariages homosexuels ou à coller son slogan « oui à la socca, non au kebab » sur les panneaux électoraux…

mardi 14 janvier 2014

De nouveaux droits pour les Niçois !

Patrick Allemand a présenté à la presse la charte que chacun des membres de sa liste "Un autre avenir pour Nice" signera : non pas une charte "éthique" mais une charte "de gouvernance". Il s'agit d'exposer la manière dont nous gèrerons la ville si nous sommes élus, la place que nous donnerons aux citoyens, la participation des forces vives de la cité à notre devenir collectif.
Se faisant, nous proposons de nouvaux droits aux Niçois :  open data, élection du président du conseil de quartier, budget participatif, "heure des citoyens", droit de pétition renforcé, "observatoire des engagements" et bien d'autres avancées encore ! 

vendredi 10 janvier 2014

Nice: rejoindre une liste de droite, renier ses valeurs de gauche

Marc Concas et Jean-Christophe Picard viennent de rejoindre la liste menée par Olivier Bettati pour l'élection municipale à Nice. Si je rechigne habituellement à commenter les tactiques politiciennes des uns et des autres, je souhaite, cette fois, clarifier les choses et montrer les conséquences de telles inconséquences.
Je précise que je n'ai aucun grief personnel ni contre Marc Concas ni contre Jean-Christophe Picard. Je connais peu le premier. J''ai fait campagne, lors des primaires citoyennes de 2011, face au second, lui en tant que représentant de Jean-Michel Baylet et moi en tant que représentant d'Arnaud Montebourg. Nous avons ensuite fait campagne ensemble pour François Hollande.
Faire dissidence à gauche et rejoindre une liste de droite sont deux actes politiques de natures différentes. La première option consiste à marquer une différence sans renier ses valeurs et se respecte. La seconde consiste à renier ses engagements, sa parole publique, et, au final, ses valeurs.
L'argument selon lequel il s'agit d'une liste "au dessus des partis" est un leurre. Olivier Bettati, "Bébé Médecin" revendiqué, ancien adjoint de Christian Estrosi, est proche de Jean-François Copé : la droite décomplexée, celle des "pains au chocolat", celle qui réclame le retour au droit du sang, qui organise un débat sur l'identité nationale, qui stigmatise le port de la burqa ou l'alimentation hallal pour occuper l'espace médiatique, qui dresse les français les uns contre les autres au lieu de favoriser le vivre ensemble. Benoit Kandel, lui, déjeune avec Marine Le Pen lorsqu'il se fâche avec Estrosi. Il se dit proche des idées du Front National. Cette droite là n'est pas une droite républicaine.